Tout le défi, dans l’éducation d’un chien, est de savoir communiquer avec lui. Néanmoins, chien et humain sont deux espèces bien distinctes et impliquent deux visions du monde différentes. Et qui dit vision du monde différent, dit système de communication différent.

Dans cet article, je vais donc tenter de vous donner quelques clés pour comprendre la perception que votre chien a du monde qui l’entoure.

Mon rôle, en tant qu’éducateur comportementaliste canin, est de vous apprendre à cohabiter sereinement avec votre animal. Or, cohabiter avec une autre espèce que nous implique de s’intéresser à sa perception du monde.

En effet, chaque espèce a un fonctionnement général qui lui est propre : des capacités cognitives, réceptives, physiques leur est propre. Par conséquent, chien et humain ne perçoivent pas le monde de la même manière. Et donc, chien et humain n’expérimente pas la vie de la même manière.

A titre d’exemple, le sens primaire de l’humain est la vue. Nous explorons le monde avec nos yeux. C’est la vision de quelque chose qui fait réagir notre cerveau. A contrario, le sens primaires des chiens avec lequel ils explorent le monde est l’odorat. Pour explorer ce sujet plus en profondeur, je vous recommande la lecture du livre Dans la peau d’un chien de Alexandra Horowitz.

Ce constat peut sembler évident. Néanmoins, il est primordial de tenir compte de cette différence lorsque l’on parle de trouble du comportement canin. Analyser ce que nous demandons et attendons de nos chiens est un bon moyen de s’en rendre compte.

De la même manière que tous les humains ne sont pas identiques, les chiens ne le sont pas non plus. Au-delà d’une perception générale du monde propre à une espèce, la perception de chacun va elle aussi être propre à chaque individu. C’est ce qu’on appelle l’Umwelt ou encore le « monde propre ».

Chaque individu, et donc chaque chien, expérimente la vie au travers de son expérience vécue, de sa sensibilité, de sa maturité, de son état de santé, de son activité hormonale, de la satisfaction de ses besoins. Là encore, il s’agit d’un sujet primordial dont il faut tenir compte lorsque l’on aborde le comportement canin. En la matière, il me semble important de rappeler d’éviter les comparaisons à bras raccourcis entre plusieurs chiens. Quand bien même ils auraient pour point commun d’être de la même race, d’avoir une histoire similaire ou d’avoir vécu avec vous.

C’est pour cette raison que j’ai à cœur d’accompagner mes clients dans l’observation et la lecture de LEUR chien, d’accompagner et de prendre en considération chaque binôme dans son entièreté.

L’Umvelt et la notion de monde propre ouvrent de nouvelles perspectives en termes de compréhension de l’autre. Il s’agit d’analyser un comportement vis-à-vis d’une situation, mais également de tenir compte de tous les facteurs internes qui influencent ce même comportement.

Tout ce que l’individu perçoit et réceptionne de l’extérieur influence son état intérieur et vice versa. C’est ce tout qui va influencer et dicter le comportement de l’individu.

Le fait que chaque individu perçoive le monde à sa manière va avoir une incidence sur le collectif. Tout l’enjeux réside dans le fait de trouver un équilibre entre ce qui est ressenti intérieurement, de manière personnelle, et la vie collective dans l’environnement extérieur. Tout est une question d’adaptation de l’individu à son milieu (ce qu’on appelle le Coping en anglais).

Cette capacité d’adaptation est principalement étudiée via ce qu’on appelle l’homéostasie. C’est l’idée que chaque modification de l’environnement va créer des perturbations dans l’équilibre interne de l’individu. Ces perturbations vont donner lieu à des ajustements automatiques afin de maintenir les conditions internes les plus constantes possible. Par exemple, la transpiration permet au corps humain de s’adapter à la température extérieure, c’est un processus d’homéostasie.

Ainsi, le but de chaque individu, d’un point de vue purement individuel, c’est de maintenir son équilibre intérieur et de mettre en place une stratégie, un plan d’action pour y parvenir. C’est ce que nous et nos animaux faisons constamment sans même nous en rendre compte.

En comportement canin, lorsque l’on parle d’apprentissage des auto-contrôle, il s’agit d’aider le chien à mettre en place des stratégie adaptées pour parvenir à l’équilibre. Il peut aussi s’agir de faire grandir ses capacités d’adaptation et de retour à l’équilibre.

Dès lors, vous l’aurez compris, le comportement canin demande une analyse fine de la situation qui l’entoure et ne peut d’ailleurs souvent relever que de supposition. Un chien ne fait donc jamais les choses sans raison, mais toujours pour, en finalité, répondre à un besoin d’équilibre intérieur. Il agit selon sa réalité pour répondre à son besoin (pas pour se venger, ni pour devenir dominant, mais c’est pas le sujet du jour). Le reste n’est qu’une question de retranscription en langage humain et c’est là que le bât blesse.

Si l’humain maitrise très bien la communication verbale, le chien lui est expert de la communication non verbale. Avoir conscience de ces différences est primordiale pour faire un pas de plus vers la compréhension de son chien.

C’est pour cette raison qu’il ne sert à rien de vouloir corriger le comportement un chien en le punissant. Cette méthode ne peut parler qu’aux humains et qui plus est, est dénuée de toute notion de bienveillance. Au contraire, je vous invite à chercher, à vous renseigner sur le sens du message que vous envoie votre chien. En cas de trouble du comportement, ou simplement pour apprendre à comprendre son chien, je ne peux que vous inviter à faire appel à un éducateur comportementaliste formé aux signaux de communication, à la physiologie canine et à l’analyse comportementale.

Cela ne signifie pas qu’il faille trouver des excuses et justifications partout, ça signifie simplement qu’en faisant un léger pas de côté pour comprendre ce que nous dit notre chien, on peut tout changer dans notre quotidien à ses côtés.

Claire Gerboud – Educatrice Comportementaliste canin