Éducation canine positive, bienveillante, éthologique, méthode douce, naturelle… Vous lisez partout ces termes sans rien y comprendre ? Voici un article qui devrait vous aider à y voir plus clair. Pour parler d’éducation canine positive, il faut d’abord parler d’éducation et s’interroger sur son évolution dans l’histoire et notre société. Dès lors, choisir un courant éducatif impose de déconstruire celle qu’on a reçue, et se questionner sur celle que l’on voudrait donner. Mais c’est sans oublier que tout cela est un long cheminement personnel dont chacun à son niveau peut déjà être fière.

L’histoire de la relation humain chien remonte à 15 000 ans. On pense que ce rapprochement a été le fruit d’une relation à double intérêt entre les deux espèces : source de nourriture pour le chien, système de défense, aide pour la chasse pour l’humain. Ainsi, 99% de l’histoire de cette collaboration a reposé sur cette relation gagnant-gagnant. Mais au cours du 20e siècle le chien a progressivement intégré les maisons, perdu son travail et gagné un rôle de membre de la famille. Enfermé, il a dû prendre son mal en patience. Des “problèmes de comportement” ont alors vu le jour. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à s’interroger sur le comportement du chien et du loup et que des amalgames ont pu être faits entre les deux. Sans s’attarder sur la cause, des solutions rapides, correctives et efficaces ont été développées. Ces solutions répondaient au problème de l’époque, s’inscrivaient dans le contexte de l’époque et correspondaient au modèle éducatif utilisé pour les enfants de l’époque. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’éducation traditionnelle ou coercitive.

Ce n’est que tout récemment que la question du bien être animal est apparue et qu’on a pu aller plus loin, grâce à l’éthologie, dans l’étude du comportement animal. Il faut garder en tête que les connaissances scientifiques sur le système d’apprentissage du chien, sur ses besoins, sur sa façon de percevoir le monde et les émotions, de communiquer, sont très récentes et n’ont de cesse de s’enrichir. C’est notamment depuis la découverte du conditionnement opérant par Skinner qu’on a commencé à développer de nouvelles méthodes éducatives basées sur la valorisation de la réussite et que le terme “éducation canine positive” à petit a petit été introduit. Il a notamment démontré que le chien agit globalement dans le but de répondre à ses besoins de manière opportuniste. Ainsi, il cherchait toujours, dans la mesure du possible, à agir selon son intérêt, c’est-à-dire soit pour recevoir quelque chose de convoité, soit pour éviter quelque chose de désagréable. Je vous invite à écouter cet épisode pour en savoir plus.

Quand on dézoome un peu, on se rend néanmoins compte que l’éducation canine positive n’est toujours pas la norme aujourd’hui en France en 2022. On trouve plus couramment un entre-deux qu’on appelle aussi “tradi-bonbon”. Beaucoup de personnes, professionnelles ou non, sont d’ailleurs persuadées d’user de méthodes positives car elles récompensent leur chien, sans se rendre compte qu’elles usent également de punition et correction banalisées. En réalité, il s’agit ici de déconstruction de ce qu’on nous a transmis (nos parents, le système éducatif et la société qu’on a côtoyé) et d’un long chemin personnel. A mon sens, l’éducation canine positive ne se résume pas à donner des friandises. Ajouter de la bienveillance, de l’éthique et de la remise en question sans limite à ma pratique est ma priorité au travers de mon métier et du contenu que je partage. C’est le fruit de mon histoire, de ma réflexion et de mon étude du sujet. Je vous invite à cheminer vous aussi de votre côté et à vous entourer des bonnes personnes pour vous accompagner.

Enfin, au-delà de la réflexion personnelle, il y a la pratique. Je sais que tout cela peut être culpabilisant, or j’ai à coeur de vous parler d’un sujet important : l’indulgence envers soi-même. Je croise trop de gens super qui font de leur mieux et qui pourtant passe leur temps à dire “qu’ils ont fait de la m*rde”. Rassurez-vous, on en a tous fait, et on en fera encore. Oui, les habitudes reviennent au galop dans les moments de stress, oui on peut vite se sentir dépassé et sous pression, oui c’est dur d’avoir un chien. Je ne veux pas banaliser la violence, simplement vous rappeler que, si vous lisez ces lignes c’est déjà que vous êtes sur le bon chemin et vous faites de votre mieux. Emprunter ce chemin demande du courage, du temps, de la volonté, et vous pouvez déjà être très fier de ça, fière de vous.

Claire Gerboud – Educatrice Comportementaliste canin